@popek_julia

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Thread pour remettre en perspective ces histoires de « la différence entre manga féminin et masculin disparaît, il y a une convergence des deux », récemment promu par Glénat notamment. Je viens de voir cet article passer dans ma TL : https://t.co/ZXxQYbfd5r [🧶 1/15]

L'article explique que les trois magazines mastodontes du manga féminin sont en chute libre : Ciào et Ribon surnagent à une centaine de millier d'exemplaires en circulation, quand Nakayoshi ne dépasse même plus les 30 000 exemplaires.

Cette chute est notable car ce sont les mag' imōto (petite sœur) : ils ciblent les filles de 8~12 ans. Soit la porte d'entrée vers le shōjo manga. La route prévue par le marketing est que les lectrices vont plus tard dans les mag' onē-san (grande sœur), comme le Margaret.

Si les magazines imotō perdent leur lectrices, alors les magazines onē-san les perdent quelques années plus tard, par contre-coup. Selon les éditeurs interrogés pour l'article, la faute principale vient des directions éditoriales. [🧶 4/15]

Elles ne s'intéressent pas au shōjo manga, ce qui implique de stratégies media-mix (adaptations en anime, en jeu vidéo…) mauvaises ou inexistantes. En clair, on est loin de l'époque de Sailor Moon ou Nana en prime-time à la télé. Donc le recrutement des lectrices en pâti.

Au contraire les anime shōnen se portent bien, et attirent les lecteurs vers les magazines shōnen… mais aussi les lectrices. Ce qui explique en bonne partie pourquoi aujourd'hui le Shōnen Jump a autant de lecteurs que de lectrices.

Le fait d'attirer les filles vers les shōnen provoque un changement culturel. Ça habitue les filles aux styles graphiques usuels des mangas masculins, plutôt que les féminins. Par ex. les éditeurs notent ainsi une augmentation du nombre lectrices dans les magazines « moe ».

Ça permet au passage de mieux comprendre pourquoi certains magazines shōjo adoptent de plus en plus un style « anime » ou « moe ». [🧶 8/15]

Les éditeurs soulignent aussi le peu d'appétence pour les shōjo mangas à l'étranger. Les maisons d'éditions occidentales rechignent à publier du shōjo manga, ce qui aurait pu permettre de compenser en partie la chute des lectrices localement. Surprenant (non).

Autre frein du aux stratégies marketing foireuses, expliquées dans un autre article : https://t.co/XTFaGcJc57 Les magazines shōjo, en particulier les imotō, ont tendance à joindre des goodies aux magazines. Seulement, ces goodies engendrent un surcoût de production.

Les maisons d'éditions, par aversion au risque, préfèrent donc que leurs magazines tombent en rupture plutôt que d'avoir des invendus, ce qui pousse à la baisse de la circulation. Et en cas de rupture, ça rend les réimpressions plus complexes.

Les vendeurs de magasins expliquent donc, sans grande surprise, que si la place dédiée aux magazines shōjo diminue sur les rayonnages, c'est tout simplement par manque de copie imprimées par les maisons d'édition. Bien entendu, ça impacte la vente des tomes reliés. [🧶 12/15]

La perte des lectrices provoque forcément une perte de talents : les autrices qui ont un fort potentiel commercial sont encouragées à aller publier ailleurs. Ce qui provoque une baisse de qualité des mangas, et donc du nombre de lectrices dans un magnifique cercle vicieux.

Pour conclure, j'ai trouvé ces deux articles très intéressant pour mieux comprendre la « convergence » entre manga féminin et masculin qui est souvent décrite. Le récit habituel, il me semble, est souvent orienté vers des histoires « d'archaïsme » de ces catégories, […]

[…] des raisons culturelles donc. Ceci sans prendre en compte l'aspect marketing. Qui pourtant semble majeur d'après ce qui est décrit dans ces articles. [🧶 Fin]

Thread pour remettre en perspective ces histoires de « la différence entre manga féminin et masculin disparaît, il y a une convergence des deux », récemment promu par Glénat notamment. Je viens de voir cet article passer dans ma TL : https://t.co/ZXxQYbfd5r [🧶 1/15]L'article explique que les trois magazines mastodontes du manga féminin sont en chute libre : Ciào et Ribon surnagent à une centaine de millier d'exemplaires en circulation, quand Nakayoshi ne dépasse même plus les 30 000 exemplaires.Cette chute est notable car ce sont les mag' imōto (petite sœur) : ils ciblent les filles de 8~12 ans. Soit la porte d'entrée vers le shōjo manga. La route prévue par le marketing est que les lectrices vont plus tard dans les mag' onē-san (grande sœur), comme le Margaret.Si les magazines imotō perdent leur lectrices, alors les magazines onē-san les perdent quelques années plus tard, par contre-coup. Selon les éditeurs interrogés pour l'article, la faute principale vient des directions éditoriales. [🧶 4/15]Elles ne s'intéressent pas au shōjo manga, ce qui implique de stratégies media-mix (adaptations en anime, en jeu vidéo…) mauvaises ou inexistantes. En clair, on est loin de l'époque de Sailor Moon ou Nana en prime-time à la télé. Donc le recrutement des lectrices en pâti.Au contraire les anime shōnen se portent bien, et attirent les lecteurs vers les magazines shōnen… mais aussi les lectrices. Ce qui explique en bonne partie pourquoi aujourd'hui le Shōnen Jump a autant de lecteurs que de lectrices.Le fait d'attirer les filles vers les shōnen provoque un changement culturel. Ça habitue les filles aux styles graphiques usuels des mangas masculins, plutôt que les féminins. Par ex. les éditeurs notent ainsi une augmentation du nombre lectrices dans les magazines « moe ».Ça permet au passage de mieux comprendre pourquoi certains magazines shōjo adoptent de plus en plus un style « anime » ou « moe ». [🧶 8/15]Les éditeurs soulignent aussi le peu d'appétence pour les shōjo mangas à l'étranger. Les maisons d'éditions occidentales rechignent à publier du shōjo manga, ce qui aurait pu permettre de compenser en partie la chute des lectrices localement. Surprenant (non).Autre frein du aux stratégies marketing foireuses, expliquées dans un autre article : https://t.co/XTFaGcJc57 Les magazines shōjo, en particulier les imotō, ont tendance à joindre des goodies aux magazines. Seulement, ces goodies engendrent un surcoût de production.Les maisons d'éditions, par aversion au risque, préfèrent donc que leurs magazines tombent en rupture plutôt que d'avoir des invendus, ce qui pousse à la baisse de la circulation. Et en cas de rupture, ça rend les réimpressions plus complexes.Les vendeurs de magasins expliquent donc, sans grande surprise, que si la place dédiée aux magazines shōjo diminue sur les rayonnages, c'est tout simplement par manque de copie imprimées par les maisons d'édition. Bien entendu, ça impacte la vente des tomes reliés. [🧶 12/15]La perte des lectrices provoque forcément une perte de talents : les autrices qui ont un fort potentiel commercial sont encouragées à aller publier ailleurs. Ce qui provoque une baisse de qualité des mangas, et donc du nombre de lectrices dans un magnifique cercle vicieux.Pour conclure, j'ai trouvé ces deux articles très intéressant pour mieux comprendre la « convergence » entre manga féminin et masculin qui est souvent décrite. Le récit habituel, il me semble, est souvent orienté vers des histoires « d'archaïsme » de ces catégories, […][…] des raisons culturelles donc. Ceci sans prendre en compte l'aspect marketing. Qui pourtant semble majeur d'après ce qui est décrit dans ces articles. [🧶 Fin]

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